Protéger votre épargne en investissant sur la Riviera Maya
Ça fait trèèèèès longtemps que je vous dis que l'épargne que vous avez durement réussi à amasser n'est pas vraiment à vous. Du moins dans l'esprit des "responsables" politiques.
J'ai récemment évoqué la petite musique consistant à convaincre les épargnants français qu'ils étaient assis sur un tas d'or tel Smaug sous sa montagne.
Et que cette épargne n'étant pas assez productive, les "responsables de la faillite actuelle envisageaient très sérieusement de vous "inciter" à l'utiliser comme il faut (comprendre : selon leurs intérêts, et notamment pour solder leur gestion calamiteuse).
J'avais également évoqué le fait qu'au départ il fallait lancer l'idée sous le mode de la plaisanterie, en utilisant des seconds couteaux limite clownesque tels Sandrine Rousseau. D'où la petite phrase lancée avec désinvolture il y a quelques semaines par l'inénarrable Sandrine, comme quoi il n'y avait pas de problème de dette puisque "les Français ont de l'argent !"
Vous noterez qu'au fil des interventions publiques, cette musique a été reprise par des poids de plus en plus lourds.
C'est dans ce cadre que le maire de Ville-de-Saône et vice-président du Grand Besançon, Benoît Vuillemin, du parti présidentiel, a fait une sortie remarquée sur le fait que finalement la dette n'était pas un problème puisque les français avaient de l'argent, BEAUCOUP d'argent, bien planqué sous les matelas.
Ou encore Jean-Pierre Fourcade, ancien ministre des finances qui déclare tranquillement que : "cette dette soi-disant monstrueuse, c'est tout juste la moitié de l'épargne des français. Tapons dedans !"
Pour arriver maintenant au tour du gouverneur de la Banque de France et au ministre des Affaires Etrangères de s’exprimer sur ce sujet.
Le message de Jean-Noel Barrot est clair : comme les pays de l'UE sont trop endettés pour pouvoir encore emprunter, les épargnants européens vont "contribuer" (volontairement ou non) aux moyens nécessaires au redressement de l'UE avec "l'union de l'épargne et de l'investissement".
Entendez qu'on va vous "inciter" à donner votre argent pour solder les dettes nées de l'incompétence crasse de tous ces gens depuis au moins 50 ans. Et pour être sûr que vous participiez, quoi de mieux que de vous empêcher de sortir votre argent ?
De l'UE d'abord, de la France ensuite.
Au risque de radoter, je vais vous redire ceci : l'état a déjà TOUS les moyens de bloquer votre épargne quand il le souhaite, que ce soit avec la loi Sapin 2 ou les réglementations européennes issues de la crise chypriote.
La seule faille dans ce système, c'est si vous sortez votre argent du continent européen. Là, ils sont coincés et ne peuvent rien faire.
Pourquoi cette précipitation soudaine et cet emballement dans le fait de vous convaincre de leur confier votre argent ? Parce que la situation devient urgente. Je rappelle que le budget 2025 n’est TOUJOURS PAS voté, à l’heure où j’écris, et donc toujours pas approuvé par la Cour des Comptes, ce qui pose un léger problème de légitimité et de sérieux.
Dans la veille stratégique, il y a ce qu'on appelle les signes faibles (qui sont peu significatifs mais dont l'accumulation ou la récurrence doit faire réfléchir) et les signes forts (qui peuvent être le départ d'un changement de tendance).
L'arrêt du rachat des dettes européennes par la BCE est un signe fort, qui signe la fin d'un cycle délirant d'expérimentation monétaire, pompeusement nommé "Théorie Monétaire Moderne". En cette époque où les influenceurs des réseaux sociaux ou des émissions audiovisuelles font des cartons, nous savons à quel point le marketing est important et combien l'image et le ressenti comptent finalement plus que la réalité.
Voir cet article du journal LE MONDE
Et les conséquences sont parfaitement concrètes : selon George Cole, économiste chez Goldman Sachs, ce désengagement de la BCE ajoute environ 70 point de base aux taux d’intérêt européens.
Ce qui implique pour la France un surcoût de 2 milliards d’euros d’intérêts rien que pour les emprunts prévus par le gouvernement français en 2025.
Alors entendons-nous, les agences de notation ont démontré qu'elles étaient absolument lamentables depuis a minima 15 ans. Cependant, le système est ainsi fait que les notations qu'elles attribuent sont automatiquement transcrites en actes auprès des investisseurs institutionnels, ils n'ont pas le choix s'ils veulent respecter la réglementation. Ce qui implique qu'une note trop basse exclue de facto les dettes des mauvais élèves. D'un simple clic.
J'en profite pour revenir sur la fixation des taux d'intérêt d'un état car je lis et entends BEAUCOUP de monde déclarer doctement que les taux sont sous contrôle grâce à la BCE, et que cela va notamment profiter au secteur immobilier.
Il faut bien comprendre que si la Banque Centrale Européenne a un impact sur la fixation des taux, elle ne peut strictement rien faire si les marchés commencent à douter du sérieux d'une politique budgétaire et des possibles difficultés d'un état à faire face au remboursement de sa dette.
Sauf à supposer que le rôle de la BCE soit de devenir une gigantesque lessiveuse de dettes douteuses, comme lors de la crise financière, selon les principes grotesques de la fumeuse Théorie Monétaire Moderne.
Dans la réalité, ce sont les prêteurs qui fixent les taux. Si demain les prêteurs n'ont plus confiance dans la signature de la France (rappelons que nous sommes déjà au niveau de confiance de la Grèce), ils exigeront des taux plus élevés, que nous seront forcés d'accepter, avec toutes les conséquences qui en découlent et que j'ai déjà exposé maintes fois.
On commence méchamment à entendre les craquements de cette économie Potemkine. Que va t'il se passer quand les agences auront dégradé la note de la France le trimestre prochain ?